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Sarlat-La Power ép 15

Une odeur agréable parcourt les narines de Denitsa. Ingmar Freunde l’a invité dans son bureau pour un briefing sur les négociations à venir. Des toiles de maître, dont un monochrome de Soulage, décorent les murs. Un tapis persan recouvre une partie du plancher grinçant. Il est confortablement assis et fume un havane, la fenêtre ouverte sur la forêt brumeuse : « L’assemblée générale des salariés était massive. Il faut prendre en compte cette situation. Il faut la jouer diplomatique », selon la DRH, qui s’est habillée en tailleur crème et porte un chemisier fuchsia. Elle aime caresser le cuir de vache de son siège.

Ingmar l’a écoutée calmement, la scrutant de ses petits yeux bleu clair, ce qui la met mal à l’aise : « Je vous invite à vous recentrer sur ce Bastien Joseph. C’est lui l’âme de leur mouvement. C’est l’organisateur. Sous ses abords de brute sans cervelle, il est vicieux, il a de la ressource. Ce genre de types pourrait acquérir bien trop de pouvoir. C’est une des raisons qui nous a décidés à ne conserver qu’un laboratoire de recherche ici. Le niveau révolutionnaire a atteint des sommets. S’ils veulent instaurer le communisme en France, c’est leur problème. Mais nous devons nous concentrer sur la bonne santé économique du groupe.

— Qui va s’occuper des négociations avec moi ? Nous devons commencer au plus vite, car l’atermoiement participe de la montée de la colère.

— Nous serons cinq ou six, dont moi et des membres de ma famille, mais vous serez chargée de porter la parole de la direction. Vous avez fait preuve de capacités. Nous comptons sur vous.

— J’espère me montrer à la hauteur.

— Vous n’avez pas le choix. Vous avez la destinée de notre groupe entre vos mains. Du moins en partie, je vous rassure. » Ingmar pose son havane sur un cendrier en verre en forme de lion assis : le dos sert de réceptacle. Il se rapproche de son bureau en noyer et joint ses mains : « Comment se porte votre famille ?

— Mon grand fils, Thibauld, est malade. Mon mari est à un séminaire à Paris pour une semaine. Ma mère est venue de Bretagne pour m’aider dans la garde.

— C’est vrai que vous êtes Bretonne. Cela ne vous manque pas ?

— Non, pas tellement. » Elle aimerait lui demander également des nouvelles de sa famille, mais ce n’est pas le moment. Le patron est peu disert, il s’épanche plus à propos de sa passion pour les grands fauves.

Tag(s) : #Roman, #Feuilleton
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