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Parfois, pour faire le bien, il faut faire un peu le mal (suite)

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Parfois, pour faire le bien, il faut faire un peu le mal.

 

 

Suite à la disparition du fils de Patrice, ce dernier ne reparut plus à l'usine. Gérald sut ce qu'il fallait en conclure. Le surlendemain matin, avant l'embauche, il se rendit chez son ami et trouva sa femme accablée, pleurant abondamment, incapable de se lever du lit. Il décida d'aller mettre Yolaine, en sécurité.

Fais-moi confiance, Yolaine. Ton mari a dû effectuer un acte dont il ne vaut mieux pas parler. A mon avis, il a sauvé ton fils.

Tu sais que De Vallier est un monstre ignoble qui aime violer puis tuer de ses propres mains des enfants. Il en a déjà envoyé des centaines ad patres.

Gérald était perclus de crampes. Il avait les bras lourds et ballants. Surpassant la douleur, il évinça Yolaine de son domicile, et la transporta en lieux sûrs, dans une grange abandonnée en lisière du faubourg. Il lui remit un panier de provisions pour tenir une semaine, une serviette, un savon et une couverture. Une petite rivière coulait derrière la grange.

Gérald était consterné par le tour que prenaient les événements. Le juge était plutôt bien orienté concernant son ami Patrice, sachant bien les horreurs que réaliser le Capitaine depuis des années. Néanmoins il aurait du mal à éviter la peine capitale ou la détention à perpétuité.

Gérald plongea dans la rivière pour se détendre. Il fit quelques longueurs, puis pêcha à la main quelques poissons. Il était particulièrement rapide et pouvait tenir plusieurs minutes sous l'eau sans respirer. Il les mit dans son sac.

Gérald était au comble du désappointement. La société basculait dans le chaos. Les élites avaient perdu tout sens moral, mais il n'y avait aucun signe d'amélioration. Aucune issue politique ne se laissait apercevoir, hormis un approfondissement de la barbarie. Il laissa Yolaine dans la grange et s'en fut à l'usine où il effectua une journée de travail classique.

En sortant du travail, il croisa Robert, un fort gaillard particulièrement attiré par les idéaux moraux. Il avait été élevé par sa mère jusqu'au jour où son géniteur était revenu à la maison pour la tuer à coups de poings, devant le petit garçon. Puis il avait quitté les lieux et n'avait plus jamais donné signe de vie. Depuis ce jour, Robert s'exerçait à la musculation et aux arts martiaux, en silence, avec la détermination de retrouver l'assassin de sa mère. Grand, le crâne rasé, une boucle d'oreille ronde, il était un homme redouté et respecté pour sa droiture et sa bravoure. Il travaillait comme boulanger dans un commerce du centre-ville.

Gérald l'invita dans un bistrot et lui exposa toute la situation : l'enlèvement du fil de Patrice, l'intervention de Patrice sur la propriété du Capitaine, sa fuite, la mise en sécurité de Yolaine.

Robert fut scandalisé et rempli de haine en apprenant ce qui s'était passé. Gérald l'enjoingnit à agir avec discernement, sans compromettre les chances d'une vengeance efficace. Robert le lui promit, mais bouillait intérieurement. Hélas, alors qu'il rentrait chez lui, la nuit venue, il croisa une patrouille de policiers dans une petite ruelle. Les deux agents, gras et moralement ignobles, voulurent mettre son calme à l'épreuve. Ils lui demandèrent sa carte d'identité, qu'il n'avait pas sur lui et le prièrent donc de les suivre au commissariat. Robert pointa qu'il n'avait rien fait de grave et qu'il pourrait apporter son titre d'identité le lendemain matin, pour prouver sa bonne foi, mais rien n'y fit.

Les deux agents maintenaient leur exigence, se faisant de plus en plus menaçants. Robert n'eut d'autres choix que de les étrangler l'un après l'autre à mains nues, sans leur laisser aucune chance de riposter, leur main bloquée sur leur arme de service sans pouvoir en user. Robert les déposa délicatement sur le trottoir et vit que des riverains l'observaient depuis leurs fenêtres, dissimulés derrière des rideaux.

Comprenant que sa situation sociale était compromise et qu'il courait un grave danger, Robert courut chez Gérald, dans la nuit noire et sans lumière du faubourg. Il lui apprit ce qui venait d'arriver. Gérald fut fort marri pour son vieux camarade. Il l'incita à rejoindre les rebelles dans la forêt. Il fournit à Robert un sac comprenant des provisions, une couverture, quelques chemises et le pria de filer immédiatement.

Pendant ce temps, les forces de l'ordre avaient découvert les cadavres des agents et des centaines de policiers fouillaient le faubourg, agressant, violant et torturant les habitants pour dénicher l'auteur. Ils comprirent rapidement que Robert était probablement le meurtrier et se rendirent à son domicile. Ils arrêtèrent sa femme et ses deux enfants. Les enfants furent soumis au supplice de la bassine : on leur versait de l'huile de ricin dans la bouche, jusqu'à ce que leur ventre gonfle et que l'huile passe dans les poumons, provoquant des étouffements. Après quoi les bourreaux arrêtaient quelques instants.

La mère fut violée par certains agents de police, mais ne savait pas où était son mari, ni ce qu'il avait fait. Elle fut laissée dans la cellule, pleurant à même le sol, avec un verre d'eau pour toute collation.

Robert s'était réfugié dans la forêt, y retrouvant Patrice et son fils. Il se doutait bien de ce que sa famille devait endurer dans les geôles de l'hôtel de police. Sa haine et sa colère grandissaient. Il était fou de rage et voulait se rendre directement chez les policiers pour en étriper quelques-uns, quitte à finir en martyr. Mais Patrice le retenait, l'invitant à conspirer avec les rebelles de la forêt pour renverser ce régime inique. Robert se convainquit finalement que c'était la meilleure solution, quoi qu'elle fut bien amère.

A suivre...

Tag(s) : #fiction
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