Les journalistes vus par...

Honoré de Balzac (Splendeurs et misères des courtisanes) : «Quiconque a trempé dans le journalisme, ou y trempe encore, est dans la nécessité cruelle de saluer les hommes qu'il méprise, de sourire à son meilleur ennemi, de pactiser avec les plus fétides bassesses, de se salir les doigts en voulant payer ses agresseurs avec leur monnaie.»

Joseph Pulitzer (north american review, mai 1904) : « Un journaliste est une vigie sur le pont du navire de l'état. Il note une voile qui passe, les petites choses intéressantes qui pointent à l'horizon par beau temps. Il signale le naufragé à la dérive que le navire peut sauver. Il scrute le brouillard et la tempête pour avertir des dangers qui menacent. Il ne pense pas à son salaire ou aux profits de ses employeurs. Il est là pour veiller à la sécurité et au bien-être de ceux qui lui font confiance. »

Jean Schwoebel (La presse, le pouvoir et l'argent, Le Seuil 1968) : « Le service des faits, celui de la vérité, exige aujourd'hui beaucoup plus qu'hier des journalistes compétents et indépendants. Non seulement parce que le niveau culturel des lecteurs et auditeurs s'est considérablement élevé, mais parce que l'intensité des pressions et sollicitations dont ils sont fatalement l'objet, se sont singulièrement accrues dans un monde de plus en plus dominé par le matérialisme. Il ne suffit plus au journaliste d'aujourd'hui d'être un bon technicien de la presse et un bon écrivain, capable de clarté et de concision – ce qui sont déjà des qualités rares qui font la spécialité de cette profession. Il lui faut encore des connaissances de plus en plus étendues […]. Il lui faut enfin, et c'est peut-être là le plus difficile, être un homme intègre et donc un homme de caractère. Car il n'aura pas seulement à faire preuve de courage pour défendre la vérité contre la volonté de puissance et la passion d'acquérir […]. Il devra en témoigner tout autant pour lutter contre la paresse et l'ignorance dans lesquelles le public se complaît, contre les mythes qu'il entretient et les passions qui l'animent. »

Cité dans Daniel Junqua

La presse, le citoyen et l'argent, Folio Actuel, 2002, pp279/280.