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Feuilleton - La Borie de Rivaux

 

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Episode 16

Le jour commence à disparaître dans les coteaux de Sarlat.

Dylan regarde discrètement aux autres fenêtres de la belle bâtisse qu'il a entrepris de découvrir. Personne à l'intérieur. Il n'omet pas non plus de regarder régulièrement derrière lui. Manquerait plus qu'un chien vienne me titiller les mollets, comme hier.

Mais non, c'est bien calme, très calme.

Imitons James Bond. Ses paumes de mains placées contre la pierre, de chaque côté du corps, il colle son dos au au mur et marche en crabe vers la cour, longeant le pan extérieur du corps de ferme.

Il n’est pas long à constater qu'il n'y a pas d'êtres humains sur place.

Si quelqu'un me découvre, je dirai que je me suis promené et perdu. Le garçon ne manque pas de répartie, quand c'est nécessaire.

L'entrée de ce qui est certainement une ancienne grange est gardée par une grande porte de bois peinte en bleu. Sa besace remplie de champignons à la main, Dylan pousse le lourd vantail d'une épaule. Il s'ouvre dans un grincement puissant. Mince ! Dylan jette une myriade de coups d’œil à droite et à gauche. Toujours pas de mouvement. Il pénètre à pas lents et légers dans la pièce. La pénombre l'enveloppe.

D'une main maladroite, Dylan cherche un interrupteur sur le mur. Il n'en trouve pas et commence sa visite à tâtons. Peu à peu, ses yeux s’habituent à l'obscurité. Il parvient à repérer certaines limites de la pièce. Elle est immense. Et froide comme un frigo.

A deux mètres devant lui, une grande masse sombre s'élève. Un joyeux bazar. Le monticule se compose de chaises de bois aux assises en paille éventrées, de grandes malles de voyage aux cuirs rongés par les rats, de vêtements de grands-mères poussiéreux et de chaussures de marche crottées.

Il n'y a là rien qui puisse enthousiasmer le jeune Dylan, encore moins remplir son sac. Il voudrait bien soulager ces propriétaires qui croulent sous les babioles. Mais il faut que la camelote en vaille la peine.

Il retourne vers la porte bleue, jette un œil dehors. Tout est toujours calme. Il attrape un chewing-gum à la menthe dans sa poche et se le jette dans la bouche. Rien à tirer de ce grenier moisi, je vais me tailler.

Allons vers la gauche de la pièce, pour voir. Il se heurte à un gros fauteuil de bureau à roulettes, molletonné, en simili cuir. Il s'assoit dessus. Sous ses fesses, il sent une bosse. Il se soulève et tire vers lui un vêtement. Un petit pull rose avec un drôle de motif dessus : une grosse tête de chat, bleue. Le minou semble hilare. Pas mal. Dylan fourre l'habit dans son sac. Je l'offrirai à ma sœur, ou à une cousine. Il est fier.

Il fauche encore deux ou trois bricoles : un fer à repasser, un lisseur pour cheveux frisés, un livre intitulé Pèlerinage à Lourdes, renouveau de la foi. Il a de grandes photos de gens priant dans la grotte de Massabielle. Ce sera pour mamie Luisa. Elle adore Lourdes.

Quand il sort de la caverne, la nuit l’accueille. Dylan rentre chez lui, se promettant de revenir visiter le lieu.

 

 

 

 

 

 

 

Episode 17

 

8 h 30. Bien calé dans son fauteuil de bureau molletonné, Philippe Bruyère est d'excellente humeur. Il vient pourtant de passer une nuit presque blanche. Il s'est couché à 3 h après avoir réalisé des contrôles nocturnes routiers avec ses subordonnés. A 8 h, il a sauté du lit, s'est brossé les dents, lavé le visage, puis s'est habillé à toute vitesse avant de se vaporiser d'Axe Marine et de rejoindre son poste.

Dans le bureau, le silence est à peine troublé par le ronron du vieil ordinateur qui termine de démarrer. Pour faire tenir convenablement toute sa grande carcasse, et avoir les idées bien en place, l'officier va avoir besoin de force tasses de café, tout au long de la journée. « Borrèze, vous avez fait du café ? », tonne-t-il depuis son bureau, à l'intention du gendarme de service au secrétariat du Commandement opérationnel. « Oui, Mon Capitaine », lui répond instantanément le maréchal des logis-chef Borrèze. « Très bien, je vais me servir une tasse, vous en prenez une ? » Il se lève.

Bruyère a le sourire, car avec les enquêteurs de la brigade de recherches, il a conçu un plan nouveau pour l'affaire de la petite Sandrine. Trop de temps a jusque là était perdu. Des jours entiers passés à tenter d'arracher des aveux à un type qui ne comprenait pas ce qui lui arrivait. L'erreur va désormais être corrigée.

« Nous allons réinterroger tout le monde. Poser des questions très précises aux voisins, aux écoliers, aux personnels de l'école. A tous ceux qui ont de près ou de loin un lien avec le quartier, Sandrine, l'école, etc., explique, quelques instants plus tard, le capitaine Bruyère aux gendarmes qui vont participer aux investigations. Cette petite n'a pas pu disparaître dans la nature. Il faut aussi vérifier, tu t'en chargeras Grobier, avec deux autres gars, chaque profil du fichier des auteurs d'infraction sexuelle qui était dans le secteur le jour de l'enlèvement. Il faut élargir la recherche à toutes les personnes déjà condamnées pour des violences, des affaires de mœurs, etc.

- Cela en fait du travail, fait remarquer l'adjudant Cérins, un quinquagénaire petit et trapu, à la voix de fausset. On laisse tomber les autres dossiers alors ?

- Celui-ci est prioritaire. Le procureur et la préfecture sont sur les dents. On nous envoie un substitut pour quelques jours, afin de nous mettre la pression, pardon, de nous aider. Les médias ne me lâchent pas, j'ai cinquante appels par jour, BFM, TF1, RTL, Libération, Le Parisien et compagnie... S'ils vous contactent, ou l'un de vos hommes, vous renvoyez vers moi.

- On se répartit comment les secteurs, comme la dernière fois ?

- Vous voyez avec le capitaine Ploutre, il a déjà mis en place le programme. Il faut y aller dès maintenant. Pas de temps à perdre. Chaque minute qui passe nous éloigne de la vérité. » Bruyère regrette immédiatement d'avoir prononcé cette dernière phrase. Je me prends pour un poète ou quoi ! ?

Les militaires, tous en pantalons noirs et polos bleu clair, se lèvent lentement et se rendent vers les machines à café.

 

 

La suite bientôt

Tag(s) : #Sarlat-La Canéda, #dordogne, #Périgord Noir, #Feuilleton, #épisodes
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