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Comment le patriarcat a (failli ne pas être) été instauré dans les temps obscurs...

Au prix de risques journalistiques importants, j'ai pu remonter le temps et capter cette discussion dans un village celte - 3000 ans avant Jésus-Christ.

Chef du village, enrobé, mais débonnaire, 22 ans : "C'est décidé, on va instaurer le patriarcat. On va obliger les femmes à s'occuper des enfants. On les protégera pendant leurs grossesses pour ne pas qu'il y en ait trop qui décèdent en couches et que notre groupe disparaisse à brève échéance. On ne leur dira pas d'aller chasser et se battre avec ces enc... du village voisin qui veulent nous piquer notre forêt pleine de sangliers."

 

Gaulois lambda 1, 18 ans : "Mais c'est pas ce qu'on fait déjà depuis des temps immémoriaux, chef ?"

 

Chef du village : "Oui, mais j'ai eu une révélation foudroyante. C'est le progrès : devenir des patriarcalistes masculinistes !"

 

Chef du village adjoint, jeune et velléitaire, 16 ans : "C'est vrai, on pourrait faire autrement, par exemple utiliser des moissonneuses batteuses pour produire plein de blé et l'exporter vers le Nouveau Monde, ou élever des animaux dans des fermes fonctionnant à l'électricité pour avoir un max d'alimentation."

 

Gimsotep, marchand d'épices et de tapis oriental, 23 ans : "Il est vrai que, par chez nous, l'électricité tourne à plein régime. On vient de monter plein de pyramides comme cela, en trois semaines. On peut faire Atlantide-Memphis en trois heures avec nos vaisseaux électriques."

 

Chef adjoint : "Oui, Gimsotep, c'est une technologie d'avenir, mais on n'a pas d'uranium, et mes Gaulois sûrs sont trop fainéants pour creuser des mines voir s'il y a des gisements par chez nous. Ils préfèrent manger des sangliers, faire des gosse, méditer sur l'au-delà et se battre avec les villages voisins. En plus on a peur de la foudre. Il faut oublier l'électricité pour le moment ! Mais on pourrait devenir vegan et ne manger que des baies, comme nos amis Aryens là où le soleil se lève. On pourrait aussi développer les vaccins, l'adduction d'eau potable et le chauffage pour ne pas avoir froid en hiver. On jouerait à des jeux sur des écrans qui bougent et on prendrait des herbes qui font tourner la tête 1000 fois plus que la cervoise. On pourrait lancer une campagne de gestes d'hygiène de base, lavage des mains, des dents, du corps, pour diminuer la présence de microbes. Soyons oufs : on créerait un Etat national pour arrêter de se mettre sur la gueule en permanence avec la tribu située derrière la colline..."


Le druide, 24 ans : "Vous êtes un visionnaire, jeune chef, tant mieux qu'on vous ait élu, même si parfois on ne vous comprend plus trop."



Un autre Gaulois, 14 ans : "Oui, chef, on pourrait faire tout cela, mais n'oublie pas, nous sommes des Hommes, nous sommes cons par essence et nous avons peur que les femmes prennent notre pouvoir et que ce soit nous qui soyons obligés d'être enceints ensuite et de rester à la maison pour passer le balai et faire la cuisine pendant qu'elles chasseront avant de rentrer pour jouer avec la boîte PS5 en nous disant de leur apporter des cervoises."



Chef du village : "Toi aussi tu as vu PS5, cette petite boîte magique qui crée les images ! Tu as dû avoir la même révélation sur le patriarcat que moi, mais tu l'as mal comprise ! Qui a préparé la cervoise d'hier soir ? J'ai l'impression qu'il y avait un peu trop de liqueur de fenouil dedans..."

 

Une mère d'un enfant, 15 ans : "Vous avez fini de dire des bêtises ? Comment vous voulez devenir enceints ? Vous avez pas ce qu'il faut entre les jambes ! Et nous non plus, d'ailleurs..."

 

Barde progressiste, 21 ans : "En es-tu sûre ? N'est-ce pas vilaine pensée issue d'une construction sociale et idéologique, ce que tu dis ?"

 

Mère de famille nombreuse, 16 ans : "Admettons qu'on fasse comme dit le chef. On arrête de faire des enfants. Quand vous avez une pulsion, vous vous soulagez comme vous pouvez, je vous fais pas un dessin. Mais dans dix ans, on n'aura plus de gosses. Et dans vingt ans, il y aura qui au village ? Je vous signale que la plus vieille du clan à 36 ans, notre doyenne adorée."

 

Vieux gaulois de 31 ans : "Mon père a vécu jusqu'à 70 ans, mais c'était un dormeur professionnel. Il a réchappé à trente batailles, treize épidémies et pouvait jeûner dix jours d'affilée sans pleurer."

 

Chef : "Eric était un homme hors du commun, on n'est pas tous de ce bois-là. Pour maintenir le groupe en vie, on peut soit importer des enfants d'ailleurs, soit demander au druide de lancer une théorie sur l’Apocalypse imminente pour justifier la disparition prochaine du groupe. On peut aussi décider que les druides se réunissent en congrès pour voir si on peut bidouiller des choses au niveau de... enfin, en bas quoi, dans l'entre-jambe, vous voyez ce que je veux dire... Peut-être que je peux tomber enceint moi, si j'ai envie, non ?"

 

Homme du Guet, 14 ans : "Chef, les ennemis attaquent, ils ont déjà violé deux femmes du village et tué dix de nos hommes ! On est mal !"

 

Chef : "Allons leur présenter nos nouvelles idées ! je parie qu'ils seront séduits !"

 

Gaulois lambda 2, 15 ans : "On prend nos armes ou c'est plus la peine ?"

 

Chef : "Pas besoin ! Nos belles idées vont les séduire tout de suite !"

 

Druide : "Je ne dirais pas que les hommes et les femmes ne sont pas égaux dans notre société. Il est vrai que chacun, de par la biologie, doit remplir des fonctions différentes. Mais il n'y a nulle inégalité, seulement des rôles respectifs pour la survie de notre groupe (il entre en lévitation, les yeux fermés). D'ailleurs, je dois révéler à présent que le grand mystère ésotérique ultime, celui d'un âge d'or qui a précédé les temps obscurs dans lesquels nous vivons, m'a été transmis il y a longtemps et je vais vous le dire à présent. C'est un hérisson qui tombe amoureux d'un chevreuil et qui..."

 

Le druide en lévitation se fait transpercer de cinq flèches et tombe par terre. Il est ensuite piétiné par le chef du village des enfoirés de voisins. Je me téléporte en catastrophe en 2023 pour vous raconter tout cela...

Tag(s) : #fiction, #Histoire, #Réflexion
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