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Feuilleton - La Borie de Rivaux

 

 

Episode 10

Le présentateur du journal lance le sujet : « Notre correspondante Julie Pietro est en direct de Sarlat avec le maire. La commune en émoi après la disparition, il y a deux jours, d’une écolière. Bonjour, Monsieur Proisty. Je vous propose de regarder ensemble un petit reportage, avant de revenir vers vous. »

Maurice Etre est affalé dans son canapé. Il sirote une bière à la bouteille, ponctuant chaque gorgée d'un râle de plaisir inélégant. Les traits tirés, le visage blanchâtre, Sandrine se redresse sur sa chaise. Elle le regarde de travers.

« Je veux retourner chez mes parents ! », hurle-t-elle soudain. Le retraité sursaute :

« Attention petite, je te laisse regarder la télévision avec moi, ce soir, pour que tu ne t’ennuies pas trop. Mais si tu m’embêtes, je te ramène et je te prive de couverture pendant deux heures ! Ou plus ! » La fillette se met à sangloter doucement, le visage enfoncé dans la couverture.

L’ancien journaliste la regarde, visiblement en colère. Il tient dans sa main gauche la chaîne de métal qui emprisonne le pied de Sandrine. D’un coup sec, il tire dessus. La petite tombe pas terre, poussant un cri aigu.

« Je serai gentil avec toi si tu fais tout ce que je dis ». Parvenu à se lever de son canapé, essoufflé, Maurice va aider la fillette à se rasseoir. Elle sent une odeur de transpiration nauséabonde. Elle a un haut le cœur. Le vieux se laisse tomber dans son chesterfield marron patiné et monte le son du téléviseur.

Le reportage est terminé. Le visage de Proisty, brillant, apparaît à l’écran. Maurice hoquette, l'air heureux : « Ils te l'ont maquillé comme une voiture de course ! Il brille. »

Le maire déclare, d’un ton badin : « On a de bonnes chances de retrouver la petite. Le capitaine de gendarmerie m’a dit qu’il était assez optimiste. Les enquêteurs ont mis quelqu’un en garde à vue. Il n’est pas de Sarlat, notez-le. Ils ont bon espoir de parvenir à une conclusion rapide. »

« Qu’est-ce qu’il raconte Proisty, s’exclame le kidnappeur. Bien sûr qu’il est de Sarlat, il travaille à Coloplast ! Tu veux des gâteaux au chocolat, petite ? »

Il tend une boite de pâtisseries à la gamine, qui fait mine de la prendre. Mais elle lui jette à la figure. « J’en veux pas de vos trucs ! Ils sont empoisonnés ! Je veux retourner chez mes parents ! Je vais plus manger, je vais me laisser mourir ! » Le vieux est stupéfait. Pour qui se prend-elle, cette gamine !

Le maire poursuit ses explications. Il est exagérément optimiste, le bougre ! La journaliste a beau l'embêter en lui disant que, plus le temps passe, plus le risque de mort augmente, l’ancien député reste droit dans ses bottes : « J’ai beaucoup d’expérience vous savez. Parfois, des cas qu’on dit désespérés se terminent bien. Pour le moment, laissons les enquêteurs faire leur travail. Je remercie encore une fois tous les Sarladais qui les ont aidés. »

« Quelle langue de bois il nous sert ! », s’exclame Maurice en éteignant la télévision. Il se tourne vers Sandrine : « Très bien, tu fais la forte tête, tu l’auras voulu ».

Il ramasse les gâteaux et en mange trois. Sandrine le scrute encore de ses yeux clairs : « Pourquoi vous m’avez enlevée ? Vous allez faire quoi de moi ?

- Ça, tu le sauras bien assez tôt, gamine, mais il faut que tu sois beaucoup plus gentille que tu ne l’es maintenant. Ou sinon, tu le regretteras. »

Il tire encore la chaîne. La gamine tombe sur le sol et glisse vers le canapé.

 

La suite bientôt...

 

Tag(s) : #Sarlat-La Canéda, #épisodes, #Feuilleton, #dordogne, #Périgord Noir
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