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« Les pressions sont inutiles parce que nombre d'éditeurs, prudents, s'efforcent d'aller au-devant des désirs de leurs annonceurs et de ne les chagriner en rien. La plupart du temps, s'ils oublient leurs devoirs, de simples et amicaux rappels à l'ordre les remettent dans le droit chemin. C'est particulièrement vrai pour la presse spécialisée professionnelle et pour la presse locale d'information générale et politique surtout lorsqu'elle parle des entreprises implantées dans la zone de diffusion. On a même vu un grand journal de province rendre compte d'une grève dans l'usine du principal employeur de la région en recourant… à une dépêche de l'Agence France Presse. Il n'est pas rare que les services de publicité promettent du « rédactionnel » en échange de l'insertion de placards et il n'y a guère de risque que ce « rédactionnel-là » soit critique. Certains événements -l'inauguration d'une grande surface par exemple – peuvent faire l'objet d'un troc, le partenaire s'engageant à acheter plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d'exemplaires en échange d'une couverture privilégiée. Les journalistes ne sont pas, en général, précisément informés de ces opérations mais ils ne sont pas dupes et jouent le jeu, soit parce qu'ils sont résignés, soit parce qu'ils adhèrent à cette démarche « réaliste » qui sert l'intérêt financier de l'entreprise. Souvent mal rémunérés, surchargés de travail, disposant en matière économique d'un niveau insuffisant de formation, les journalistes constituent des proies faciles pour les services de communication des entreprises, qui eux mettent en œuvre d'importants moyens financiers et humains. Nombre d'entre eux utilisent, sans trop de scrupules, le matériel, fort bien fait le plus souvent, qui est aimablement mis à leur disposition. »

 

Daniel Junqua

La presse, le citoyen et l'argent, Folio Actuel, 2002, p212

Tag(s) : #journalisme
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