Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Sur la notion d'équité appliquée à la campagne présidentielle

Ces derniers mois, les équipes journalistiques des principaux médias TV, radio et papier du pays ont donné 90% du temps de parole à des candidats ou à des représentants de partis ou de mouvements ayant été au pouvoir ces dernières décennies.

Le bilan de ces groupes politiques est majoritairement impopulaire dans la population. Il est objectivement mauvais si l'on observe les indicateurs concernant la dette, le pouvoir d'achat, le chômage, la précarité, les comptes de la sécurité sociale et même la sécurité intérieure (multiplication des attentats). La montée des idées d'extrême droite et l'aggravation des inégalités sont également à mettre à leur crédit (ou plutôt à leur débit).

Parmi les candidats à la présidentielle, l'un d'entre eux n'a jamais été candidat à aucune élection. Il a créé son parti/mouvement il y a quelques mois, soit il y a très peu de temps à l'échelle de l'histoire politique. Il a été ministre du président Hollande, sous le mandat duquel les indicateurs précédemment cités ont continué de se dégrader.

Les équipes journalistiques des principaux médias ont fait le choix de sélectionner ce candidat, et trois ou quatre autres, et ont décidé qu'ils sont les plus à mêmes de diriger le pays. Ils ont abondamment parlé d'eux dans les journaux. Et ce alors que, répétons-le, leurs bilans à la tête du pays depuis les années 1970, soit la fin des Trente Glorieuses, est quasi unanimement jugé comme mauvais, du moins si l'on étudie la situation des gens de peu. Car effectivement, à l'autre bout de la hiérarchie sociale, la situation s'est fortement amélioré. On pourrait dire qu'on assiste à la fin progressive des classes moyennes. La preuve : aujourd'hui, un couple de deux salariés au Smic sont considérés comme faisant partie des classes moyennes, chose qui aurait été jugée absurde il y a 30 ans.

Le lien entre ces médias et les pouvoirs politique et économique doit être un point faisant réfléchir.

Le lien entre les scores de ces grands candidats dans les différents sondages qui inondent chaque jour la sphère médiatique et leur présence dans les différentes émissions et parutions est à considérer. Qui est la poule ? Qui est l'œuf ? Le candidat jugé crédible ? Le candidat dont parlent abondamment les journalistes ? Les sondages donnant à ce candidat un score élevé ?

Le discrédit des journalistes peut venir de ce décalage entre la réalité du bilan des grands candidats et le maintien de ces grands candidats, de leur idéologie et de leur programme, sous le feu des projecteurs. Est-ce que les journalistes ne voient pas que leur bilan est mauvais ? Est-ce qu'ils ignorent la montée du chômage, de la précarité, l'augmentation du nombre de pauvres, l'avancée des déserts médicaux, l'augmentation du nombre de bénéficiaires des associations humanitaires ? Et en parallèle l'augmentation du nombre de millionnaires (qu'on ne peut s'empêcher de lier aux faits précédemment cités) ?

Ces journalistes sont-ils sous pression de leurs directions ? Ou simplement font-ils une autre analyse que la mienne sur la question du bilan des gouvernements de ces dernières décennies ? Le trouvent-ils globalement positif ? Ils sont probablement fatalistes, estimant qu'on ne peut guère faire autrement ou proposer une autre analyse politique et économique crédible de la situation. Est-ce la faute à la mondialisation ? à l'économie ? Mais que signifient ces notions si on ne les replace pas dans leur contexte ? N'est-ce pas des individus en chair et en os qui prennent les décisions politiques et économiques ? Ou est-ce uniquement la main invisible ?

Quand bien même on juge leur travail insatisfaisant, le discrédit des journalistes n'est pas une bonne chose pour l'avenir de la vie politique du pays.

Dans cette optique, le cas du Front national est un cas à part. Il n'a jamais été au pouvoir (sur le plan national), mais son discours a été largement repris dans les grands médias. Sa grille de lecture sur l'immigration ou l'Europe a pu servir de bases à maintes productions journalistiques. Il semble qu'il est le seul courant de pensée d'opposition à avoir eu droit de cité.

Tag(s) : #Réflexion, #journalisme, #politique
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :