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Bonjour à tous,

 

Comme préliminaire*, j'annonce que je ne suis pas spécialiste et que je n'ai pas lu Durkheim. J'aime bien me descendre moi-même de mon estrade avant de commencer un texte, seuls les plus courageux ou gentils restent lire !

Je lis ce jour, au sujet du Salon international de l'agriculture et de l'alimentation (Siaa, car ces messieurs agrobusinessmen ne se satisfont plus de produire veaux et navets, ils veulent aussi transformer, cf. Euralis, Avril, les soi-disant coop un peu partout...), sur le site du Quotidien vespéral des marchés, ainsi que l'appelaient les génies du PLPL Plan B, en leur temps :

"Un autre évoque sa situation et les suicides dans la profession. « Il nous faut de la trésorerie rapidement », a-t-il fait savoir. « Je travaille à peu près cent heures par semaine, je ne sors pas un revenu. C’est ma femme qui me fait vivre. Au mois d’août, j’ai failli passer à l’acte. »"

Nous avons régulièrement ce genre de discours. Il émane de multiples professions : policiers, agriculteurs, enseignants, militaires, etc. ou de catégories sociales victimes du système : femmes battues, prisonniers, chômeurs, etc.

Le classement du nombre de suicides par profession est devenu un poncif dont raffolent les journalistes. Ladite profession, honnie d'une grande partie de la population comme étant vendue aux "puissants", n'est d'ailleurs pas épargnée par ses autotueries, je n'en dirai pas plus.

Le particulier, c'est que très souvent, quant aux motifs du passage, le pratiquant du geste irréparable invoque des considérations politiques et sociales : conditions de travail affreuses, charges trop importantes, inhumanité du management.

Et là, on s'interroge. Que l'on soit athée ou croyant, tout un chacun considère que la vie est précieuse. En passant : cela n'empêche pas que les uns soient pour l'avortement, d'autres contre, justement au nom même de la vie, mais c'est une autre histoire (quoi que...).

Donc mettre un terme volontairement à sa vie serait peut-être le plus grave crime qui puisse se faire, puisque, de l'avis des religieux comme des "croyants en rien" (qu'ils me pardonnent cette petite pique), la vie est le bien le plus précieux, qu'il vienne de Dieu ou de rien.

Et c'est là que notre époque me laisse dubitatif. J'avoue mon ignorance et mon inculture, donc je partage juste mes questions et les grands experts en psychologie pourront me tancer (ou m'ignorer plus probablement, ne soyons pas trop présomptueux) : si vous mettez fin à vos jours pour des raisons politiques et sociales (professionnelles, etc.) avant tout, même entremêlées de considérations personnelles (divorce, conflit familial, problèmes de couple, maladie chronique, etc.), n'y a-t-il pas en vous, au moment de passer à l'acte, un dernier sursaut vital, de dignité, ce qui pourrait apporter une franche volonté de se venger de ceux par qui vous souffrez professionnellement, socialement ou politiquement au point de vouloir vous tuer vous-même ?

Autrement dit, quitte à passer de vie à trépas, de l'enfer au paradis, du tout au rien, suivant vos croyances choisissez amis lecteurs, n'y a-t-il pas possibilité d'accomplir une dernière bonne action ? Vous voyez où je veux en venir ? Même si on ne croit pas à l'au-delà, on peut juste espérer que ses concitoyens ou sa famille vivront un peu mieux...

Puisqu'In fine on comprend que ce n'est pas vraiment un suicide, mais un assassinat par l'intermédiaire du corps de la victime, n'est-ce pas possible d'emporter, ou au moins d'essayer d'emporter avec soi, ledit auteur réel, socialement ou professionnellement, du crime ?

En d'autres termes, je trouve étonnant que, face aux situations économiques et sociales ignobles qui sont faites à des milliers de personnes à notre époque de sévère guerre des milliardaires contre les travailleurs (ce qu'on appelle par antiphrase -du moins théoriquement, car pratiquement c'est toujours de cela qu'il s'agit- "la démocratie"), il n'y ait pas résurgence d'un bon vieux terrorisme de nature sociale, tel qu'on l'a vu en France à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, ou en Italie et en Allemagne, et ailleurs, quelques décennies plus tard. Je veux en finir, les conditions sociales sont si immondes que je n'en peux plus ? Soit, mais alors, j'essaie de donner leurs comptes à ceux qui m'ont fait descendre si bas.

C'est là le trait de notre époque : un peuple totalement soumis, qui a été mis tellement bas moralement qu'il est devenu impolitique. Il disparait par le suicide et la baisse de la natalité, face à une vie tellement ingrate que faire des enfants devient au-dessus des moyens du commun. N'y a-t-il pas aussi ici une forme d'égoïsme, ou plutôt de solipsisme (Théorie d'après laquelle il n'y aurait pour le sujet pensant d'autre réalité que lui-même.) ? Sommes-nous uniquement nos angoisses, nos boules aux ventres, nos mal-être ? Ne sommes-nous pas aussi ici pour accomplir les valeurs morales ? 

Les terroristes islamistes au moins, même s'ils sont probablement manipulés par des organismes loin d'être islamiques, ont été prêts à mourir pour une cause. La plupart n'y ont pas réchappé (tout en ayant bien soin d'apporter leurs papiers avec eux, d'ailleurs, chose toujours étonnante).

Pour conclure, pardon à ceux qui me trouveront méprisants pour les souffrances de ceux qui se suicident. Là n'était pas mon intention.

La paix soit sur vous, aimez-vous les uns les autres. Pardonnez les offenses et pardonnez-vous.

* Préliminaire : en lisant la presse, j'ai lu qu'une enquête préliminaire a été ouverte contre Gérard Miller, le psychiatre, soupçonné de viols sur patientes. Désolé, mais mon esprit a fauté, j'ai pensé : "Au moins les gendarmes enquêteurs et les juges lui font des préliminaires, pas comme lui avec ses victimes putatives".

 

Additif : on me signale un problème possible.

En cas de mort suite à un attentat terroriste dans le cadre d'un suicide assisté (assisté par la police ou par les hommes de main de la cibleet non par le médecin, ici), la famille peut subir de la répression. Cette peur pour ses proches peut arrêter le candidat au suicide et lui faire préférer un décès discret.

A ce sujet, la lecture de la Baghavat Gita est toujours riche d'enseignement.

Tag(s) : #Réflexion, #Actualité, #Agriculture
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