Mai 2011. Avenue de la gare : le sens unique qui divise

Mon premier article publié dans L'Essor Sarladais, en mai 2011...

Circulation. Cette pénétrante de Sarlat est à sens unique montant pour encore une quinzaine de jours. La décision concernant son avenir sera prise en juin.

Avenue de la gare : le sens unique qui divise

Lundi 2 mai à 17 heures, avenue de la gare. Cinq ou six voitures par minute, maximum, remontent l’avenue, direction la gare, puis le rond-point de Madrazès. Depuis lundi 11 avril, la voie est bien plus tranquille. La municipalité de Sarlat y expérimente en effet une circulation en sens unique montant (en direction de la gare). Et ce jusqu’à la deuxième quinzaine de mai, selon le maire-adjoint de Sarlat chargé du Domaine public, Patrick Aldrin. Soit deux tiers du trafic supprimé, notamment cars ou camions, selon l’estimation des habitués de cet axe.

Jusqu’au 10 avril dernier, l’avenue de la gare était un axe très emprunté. Les habitants du sud-est du Sarladais la descendaient pour emmener leurs enfants au collège La Boétie ; artisans, livreurs, bus scolaires la prenaient aussi pour aller au centre-ville ; et même certains touristes avertis utilisaient cette voie, qui évitait les bouchons du rond-point du Pontet, réduisant donc l’attente. La vitesse de circulation était limitée à 30 km/h, selon Patrick Aldrin. Vitesse parfois (souvent, selon les riverains), largement dépassée. De nombreux accidents, parfois mortels, ponctuèrent l’existence de cet axe dangereux. Parfois, des voitures prenaient mal le virage du milieu de la rue. Les deux lignes droites qui closent l’avenue sont propices aux accélérations les plus menaçantes. Un piéton y perdit la vie, il y a quelque temps, ce qui provoqua l’émoi des riverains.

Tout cela a pris fin, momentanément, le 11 avril. Un bouleversement important pour les conducteurs qui descendaient cette voie quotidiennement. Ils sont mécontents, en colère. « Supprimer cet axe ? Pour engorger plus encore l’avenue du Lot ? Riche idée ! », disent-ils. « C’est un vrai m… », s’énerve Dominique Plailly, artisan chauffagiste basé rue Lucien-Dubois. Après un chantier dans la rue, il doit remonter à la gare et au Pontet pour rejoindre d’autres clients en centre-ville. Du temps perdu… « Et ce sera bien pire cet été », prévoit-il.

Bande cyclable

Le 24 mars dernier, la municipalité a organisé une nouvelle réunion concernant les projets d’aménagement dans l’avenue de la gare. Elle expérimente, en effet, des sens uniques dans certaines rues*, dans le cadre du plan vélo de l’Agenda 21. Une bande cyclable est prévue, avenue de la gare, pour relier le centre-ville au rond-point de Madrazès. L’unanimité des habitants voulait ce sens unique montant. Ils ont fait une pétition pour obtenir une expérimentation pendant trois mois. Ils ont obtenu satisfaction, mais pour un mois seulement.

La décision concernant le futur aménagement de cet axe sera prise en juin. Le sens unique devrait être la solution adoptée, avec une bande cyclable côté bâtiments. Toute la question est de savoir dans quelle direction sera le sens unique. « Rien n’est décidé, déclare Patrick Aldrin. Mais il paraît logique que ce soit en descendant. C’est un axe pénétrant majeur. » Le problème des nuisances sonores ? « Il ne faut pas habiter en ville si on ne veut pas de bruit », rétorque le maire-adjoint.

Pour faire respecter la vitesse, et donc réduire le danger et les nuisances sonores, il avance cependant l’idée d’un radar. Il pourrait être la solution si le sens unique descendant était adopté.

Franck Duval, directeur de cabinet du maire, explique que l’autre solution, sens unique montant, n’est cependant pas écartée. « Nous avons effectué des tests, hors période de travaux. Une fois sur deux, le véhicule qui arrive par le Pontet, en venant du rond-point de Madrazès, va plus vite que celui qui passe par l’avenue de la gare. » La faute à un cédez-le-passage en bas de l’avenue qui fait perdre un certain temps. « Nous tiendrons compte de tout », conclut Franck Duval. La solution adoptée fera forcément des déçus…

Guillem Boyer

Les rues de Lachambeaudie et Delpeyrat sont aussi testées, actuellement.

Encadré Les riverains veulent le sens unique montant

Depuis le lundi 11 avril, la vie des riverains a changé. Fini les voitures qui descendent à toute allure leur rue. Fini les pierres, les ferrailles et les morceaux de plâtre qui abiment leurs façades, après être tombés des bennes de camions trop pressés. L’avis des habitants est unanime : « Il faut laisser comme cela ! ». Pierrette Coustaty, retraitée, est née au numéro 21. Elle a vécu dans cette rue toute sa vie. « En pleine saison, la queue des voitures qui attendent en bas de la voie arrivait jusqu’au milieu de l’avenue. Nous ne pouvions pas sortir la voiture du garage ! » Avant le 11 avril, même avec son double-vitrage, elle n’entendait pas son poste de télévision, de 16 heures à 20 heures. Désormais, elle peut regarder la TV.

Martine, habitante de la rue, partage évidemment cet avis. Elle note que les voitures sont plus prudentes depuis que le sens unique montant a été instauré. Elle, mais aussi André et Louise Legrand, les voisins, remarquent que certains conducteurs continuent de prendre la route en descendant. « A partir de 5 heures du matin, camions et cars nous empêchaient de dormir, explique André, qui habite ici avec sa femme depuis 1998. En fin d’après-midi, impossible de traverser ! »

Plus haut dans la rue, une mère de famille nous explique qu’elle préfère bien évidemment ce sens unique montant, car ses trois enfants peuvent sortir sur le trottoir.

Anne-Marie Duval, aide à domicile d’un riverain, vient tous les jours avenue de la gare. Elle apprécie le calme… Et indique un parcours bis aux mécontents : la rue Fontaine-de-l’amour, pour éviter l’avenue Aristide-Briand ; et pour contourner la ville, la rue des Pechs de Madrazès, ou la route des Pechs.

Restera toujours le problème du rond-point du Pontet et de l’avenue du Lot. Surtout, quand, comme en ce moment, les zones de travaux se multiplient.

G.B.