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Je mets en ligne un texte écrit il y a plus de dix ans. Toute ressemblance avec notre pays se révèlerait pur hasard.

Dans l'idéalisation de la société civile, les organisations non gouvernementales (ONG) jouent les premiers rôles. Leur popularité remonte à la fin des années 1960 avec les débuts de Greenpeace et de Médecins sans frontières. Mais à notre époque où le « non gouvernemental » et « l'humanitaire » tiennent une telle place que l'on a même inventé une nouvelle catégorie du droit international, le droit humanitaire, les ONG sont souvent détournées de leur but. Selon Arundhati Roy, « En Inde, par exemple, le boom des ONG subventionnées a commencé à la fin des années 1980 et dans les années 1990. Il a coïncidé avec l'ouverture des marchés indiens au néolibéralisme. À l'époque, l'Etat, se conformant aux exigences de l'ajustement structurel, restreignait les subsides destinés au développement rural, à l'agriculture, à l'énergie, aux transports et à la santé publique. L'état abandonnant son rôle traditionnel, les ONG ont commencé à travailler dans ces domaines. La différence, bien sûr, est que les fonds mis à leur disposition ne formaient qu'une minuscule fraction des coupes opérées dans les finances publiques. La plupart des ONG sont financées et patronnées par les agences d'aide au développement qui sont à leur tour financées par les gouvernements occidentaux, la banque mondiale, les Nations Unies et quelques entreprises multinationales […]. Sur le long terme, elles sont responsables envers leurs donateurs, pas envers les gens parmi lesquels elles travaillent. Plus la dévastation par le néolibéralisme est importante, plus elles prolifèrent. Rien n'illustre cela de manière plus poignante que les Etats-Unis s'apprêtant à envahir un pays et préparant simultanément les ONG à s'y rendre pour nettoyer les dégâts. »

 

En France, les médias utilisent les ONG et l'humanitaire pour combler un vide qui n'est pas – en tout cas pas seulement – financier : il s'agit de fournir à la démocratie libérale le « supplément d'âme » dont elle a, paraît-il, besoin. Certes, le doute s'est insinué chez certains devant les bombardements humanitaires de l'ex-Yougoslavie et la récupération par le social-libéralisme d'associations comme SOS Racisme ou Ni putes Ni soumises.

Éric Hazan. LQR, La propagande du quotidien, 2006

« Qu'ils mangent de la brioche ! »

Une reine de France

Tag(s) : #humanitaire, #Roy, #Restos du coeur, #novlangue
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