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Je ne suis pas très vieux et je n'ai pas connu grand-chose de la vie par rapport à mon arrière-grand-père, poilu à 16 ans, héros de Verdun à 18 ans, ou mon grand-père, ayant fait son service militaire dans le Protectorat du Maroc en 1950 (il a vu de ses yeux de jeune communiste ce que signifiait réellement le colonialisme français), et qui a vécu comme acteur un grand mouvement social comme Mai 1968.

Ce texte sera une leçon d'espoir pour tous ceux que l'on considère comme nul, comme sans talent, sans capacité, que leurs parents déconsidèrent, qui sont moqués et harcelés par leur entourage, leurs enseignants, leurs collègues de travail. Ne lâchez pas, croyez en vous, et surtout ne laissez personne vous faire douter de vous. Chacun de nous, sans exception, a une part de génie, d'éternité. Elle est hélas souvent dissimulée sous les monceaux de superficialité sociale qu'implique le fait de vivre dans les sociétés occidentales.

On va essayer de vous convaincre que cette part d'éternité (certains diraient cette part divine) n'existe pas. Toute votre vie, on va vous assurer que vous êtes nul, un moins que rien, sans talent. Le principal dans la vie est de ne jamais y croire, malgré tous les arguments directes ou involontaires que le corps social mettra pour vous le faire croire. Cherchez votre puissance cachée dans votre cœur, et révélez-la. 

Je suis comme des millions d'autres trentenaires de ma génération, issus des classes moyennes. Etudes, université, petits boulots, puis travail dans le tertiaire. Il n'empêche que j'ai souvent été sous-estimé, sous-coté. Je n'ai jamais été considéré comme un élève, un étudiant, un professionnel brillant.

Voici quelques exemples choisis parmi d'autres (et je laisse de côté les faits ou vécus particulièrement blessants et intimes) : 

Quand je jouais au rugby à Bègles à 7 ans, l'entraineur dans les vestiaires s'en est pris à moi, devant tous les autres enfants, de manière virulente, parce que je ne jouais pas assez bien. A sept ans, il s'est comporté comme une ordure devant tout le monde. 

Au collège et au lycée, j'ai vécu du harcèlement dans un autre club de sport, dans les vestiaires. J'étais souriant, je prenais tout le monde pour mon ami, tant j'étais (et je reste, je crois) empathique, discret et prompt à écouter, à apprendre des paroles et des attitudes des autres, plutôt qu'à parler.

Quelqu'un d'invisible, simple, voire simplet

J'étais un élève moyen, toujours un peu au-dessus de la moyenne, mais sans plus. En arrivant dans un nouvel établissement, en première, des élèves de la classe se sont moqués de moi, de mon éternel sourire sur le visage, de ma fraicheur et de ma naïveté dans mes interventions nombreuses pendant les cours, pour répondre aux questions posées par les enseignants. J'avais cette attitude simple, si ce n'est simplette. J'étais loin de la superficialité exigée dans le monde scolaire et professionnel, cette image, ce masque qu'il faut donner de soi. 

Quand j'ai été retenu à l'IUT de journalisme de Bordeaux (un des trente sur les 1 500 candidats), un camarade de lycée m'a dit : "Si toi tu as été pris, je pourrai être admis facilement". D'autres, en apprenant que j'étais retenu, n'en revenaient pas. On disait que j'avais été pistonné. Quoi, quelqu'un d'aussi simple, être pris ?

Plus tard, en 2e année de cette formation, un enseignant a dit sur moi, en mon absence, en conseil de classe, que je n'étais "pas un grand rapide". Ce même enseignant, lors d'un séjour d'immersion d'une semaine à la campagne, a été étonné quand je suis revenu avec une prise de son de bonne qualité de mon reportage. "Quoi ? Boyer y est arrivé et vous n'y arrivez pas ?", disait-il aux autres. 

Tout au long de cette formation, j'ai laissé les autres, sûrs d'eux, se mettre en avant, choisir les spécialités Radio ou TV, les plus prisées, quand moi je n'osais même pas poser ma candidature pour elles, alors qu'elles proposaient le plus de possibilités professionnelles. 

Je militais pour la cause des travailleurs et des pauvres, dans mes jeunes années. J'ai abandonné mon travail confortable d'alors pour donner tout mon temps à cette cause. Je suis retourné au RSA, j'ai fait des petits boulots. Un cadre du parti où j'étais m'a dit : "Ton ami, là, qui est en classes préparatoires. Il faudrait que tu le recrutes, que tu le convainques de nous rejoindre, car il pourrait nous apporter beaucoup, c'est un vrai intellectuel lui", moi je n'étais qu'un chômeur. 

A plusieurs reprises, mes employeurs, qui me voyaient tous les jours, et alors que j'étais dans l'entreprise depuis des mois, n'ont pas su comment je m'appelais. Cela a dû arriver à tellement de gens, et je ne fais pas une fixette sur mon cas personnel.

Aujourd'hui encore, au jour le jour, dans le cadre de mon travail, mon attitude effacée, souriante, mon refus de parler pour ne rien dire ou de me mettre en avant, font que je suis régulièrement vu comme quelqu'un d'invisible, simple, voire simplet.

Dans ma profession, beaucoup ont compris qu'il faut se vendre, survendre ses sujets, faire comme s'ils étaient beaucoup plus importants que ceux des autres. Pour durer dans la société, que ce soit dans le journalisme ou dans d'autres domaines, il faut écraser l'autre, mettre l'accent sur ce qu'il a mal fait, ou soi-disant mal fait, et taire ce qui a été réussi. Je précise qu'heureusement la plupart de mes collègues et des personnes que je fréquente au travail ou dans la vie ne sont pas comme ça, la plupart sont sains d'esprit.

Mais souvent, ma manière d'être discrète, mon désir de ne pas me mettre en avant, de laisser la part belle aux autres, même si leurs propos sont désolants de conformisme et d'inutilité, a pour conséquence que je suis l'objet d'un mépris souverain de la part de belles personnes. Avec l'âge heureusement, j'ai appris à les mépriser sans qu'ils n'en sachent rien, tout en gardant le sourire.

J'ai écrit, et j'écris toujours, de nombreux romans et essais. Tous ont été refusés par des maisons d'édition à compte d'éditeur, sauf un. C'est déjà bien qu'un ait été retenu, me direz-vous. Rares ont été les fois où les éditeurs ont pris la peine de me donner leur avis sur les tapuscrits envoyés, sur lesquels je passe à chaque fois des dizaines d'heures de travail.

Pas mal de lecteurs se reconnaitront dans ce texte. Dans la vie, à part si on a de la chance, il faut serrer les dents, accepter d'être méprisé, se taire et faire son travail sérieusement, pour espérer un retour un jour. En tous les cas, petit à petit, j'ai réussi à prendre confiance en moi, au fil des (toutes petites) réussites que j'ai pu connaitre. 

Ce post n'a pas été écrit par Chat GPT.

Le simplet de la bande
Tag(s) : #Réflexion
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