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Vue panoramique sur un paysan et deux zébus tirant une charrette. 1860-1910. IHOI

Vue panoramique sur un paysan et deux zébus tirant une charrette. 1860-1910. IHOI

Quatorzième extrait de mon livre Où va La Réunion ?

 

Emploi : demain… tous précaires ?

 

Il manque 130 000 emplois à La Réunion. En 2050, il en faudra au moins 100 000 de plus, pour éviter que l’île subisse encore le chômage avec toutes ses conséquences humaines. Comment résoudre ce problème ? En diminuant le temps de travail pour embaucher davantage de personnes ? En créant des emplois dans les services publics ? Mais qui paiera tout cela ?

 

 

Comme nous l’avons précisé dans le chapitre sur la démographie, pour un individu salarié dépourvu de la propriété des moyens de production, le travail est le moyen de financer la nourriture et le logement. Nous allons faire encore de la prospective. La population va passer de 865 000 habitants en 2020 à 1,071 million en 2050. Selon les données de l’Insee, la population active (ceux qui peuvent travailler, qu’ils le fassent ou non) est de quelque 390 000 personnes, soit 45,1 % de la population totale.

 

Dans cette population active, 259 665 ont un emploi et, donc, plus de 130 000 sont au chômage. Il y aurait donc, dès aujourd’hui, quelque 130 000 emplois à créer dans l’île aujourd’hui, si l’on voulait améliorer sérieusement la situation de la population. Soit des emplois à créer, ou bien faudrait-il répartir les emplois existant entre tous les salariés, sans évidemment que ceux qui en ont déjà un y perdent en pouvoir d’achat (il y aurait notamment à regarder du côté des impôts indirects TVA et TIPP à ce niveau).

 

Cela reviendrait à baisser le temps de travail, une mesure qui fait sens pour beaucoup d’organisations syndicales de salariés, et même pour certains employeurs. Mais nous reviendrons là-dessus dans un prochain chapitre. En 2050, partons du fait que la population active demeure à 45,1 %, ce qui est pure hypothèse (car cela dépend notamment de la pyramide des âges, laquelle est impliquée par l’évolution démographique, soit la natalité, les migrations, etc.). Cela donnerait une population active de 483 021 personnes. Soustrayez ce nombre à celui des emplois actuels (259 665) et vous obtenez 223 356, soit le nombre d’emplois à créer d’ici là si l’on veut résorber le chômage, à moins de diminuer le temps de travail et de répartir les emplois entre tous les travailleurs.

 

Pas une mince affaire : cela peut paraître inquiétant pour l’avenir, car les gens ne peuvent se satisfaire d’une vie à l’aide sociale, « à la CAF » et à la Banque alimentaire pour eux et leurs enfants. Un mot sur la précarité. Selon cet article de l’agence de presse française AFP, « s’agissant des CDD, la tendance de long terme est nette : selon la Dares (juin 2018), leur part dans les embauches « a nettement progressé en 25 ans, notamment à partir des années 2000, passant de 76 % en 1993 à 87 % en 2017 ».

 

Et « cette évolution structurelle dans les mouvements de main d’oeuvre s'accompagne d'une forte hausse des contrats de très courte durée ; en 2017, 30 % des CDD ne durent qu'une seule journée. S'agissant des intentions d'embauche, fin 2021, 64 % sont des intentions d'embauche en CDD de moins d'un mois. Ca montre que cela reste majoritaire. Par contre, si on se réfère au 2e trimestre 2017, on était à 68 % », souligne M. Plane. »

 

A La Réunion, au vu du chômage plus important la situation est pire qu’en métropole… Des CDD sont employés dans des collectivités au mépris des règlements et sans bénéficier de l’indemnité d’éloignement et de vie chère (qui peut monter jusqu’à 80 % dans certains organismes) dont bénéficient les fonctionnaires et d’autres agents d’organismes étatiques. Comment faire ? Où est l'argent ? La France n’est-elle pas en faillite ?

 

Zéro chômeur, ce serait théoriquement possible en répartissant le travail existant entre tous. Ajoutons que nombre de salariés font tant d’heures supplémentaires, les samedis et les jours fériés travaillés. Certains disent qu’ils sont volontaires, mais n’est-ce pas aussi parce que leur salaire n’est pas en adéquation avec leurs besoins ? Ensuite il y a des emplois à créer, notamment dans la santé, dans les maisons de retraite, les hôpitaux, dans les transports, dans l’accompagnement de la petite enfance, des jeunes et dans l’éducation, dans le BTP pour construire les logements qui manquent.

 

Ce sont des centaines de milliers d’emplois utiles et indispensables à créer, au niveau national. Quant au financement, au « chiffrage » comme le disent les politiques : un exemple. Avec les 137 milliards d’euros de profits engrangés par les 40 premières sociétés cotées à la Bourse de Paris, il est possible de créer 3,4 millions d’emplois payés 2 000 euros nets, cotisations comprises. Rapporté à La Réunion, cela ferait 34 000 emplois disponibles immédiatement.

 

Pour les emplois manquants, car il y a actuellement 130 000 demandeurs d’emploi, il faudrait aussi regarder du côté les fortunes professionnelles des milliardaires et multimillionnaires qui s’enrichissent dans l’île. Nous en parlerons plus loin…. Contrairement aux propositions faites par les économistes habituels, ces propositions ne toucheraient pas au financement de la sécurité sociale, c’est-à-dire aux cotisations sociales. Elles ne toucheraient pas aux revenus de ceux qui ont actuellement un emploi. Elles demanderaient un effort à ceux qui ont beaucoup d’argent, sans les dépouiller pour autant.

Tag(s) : #OVR, #Réunion, #économie, #Chômage
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