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Episode 43

Trois heures du matin, ce dimanche. Il pleut toujours sur Sarlat. Magalie et Victor sont assis sur le sol de la geôle de la brigade de gendarmerie. Pour avoir moins froid, ils ont mis le manteau de Victor par terre. Ils essaient tant bien que mal de se reposer, ce qui n'est pas facile. Leur fille a disparu. Un massacre de gens - innocents, ils en sont sûrs - a été commis en son nom. Les gendarmes les en pensent responsables. Ils risquent trente ans de prison.

« Tu sais, j'ai fouillé dans les cartons de ma grand-mère », annonce tout à coup Victor en chuchotant, comme s'il s'agissait d'un secret. Magalie se retourne, surprise par ces mots venus de nulle part. « Pourquoi tu me parles de cela, là ? », lui demande-t-elle, des sanglots dans la voix.

Monsieur ne s'arrête pas à ces reproches.

« J'ai lu le journal intime de ma grand-mère maternelle. La mère Boulin. Je n'avais jamais voulu le faire. Cela ne me regardait pas... Enfin bref. » Il inspire profondément.

« Dans un des carnets, il y a quelques textes étranges. J'ai l'impression qu'elle soupçonne mon grand-père de meurtre.

- De quoi tu me parles... », murmure Magalie, regardant ses pieds.

« En 1965, un charpentier est venu demander au père Boulin de le payer pour un chantier qu'il avait fait pour lui. Mon grand-père était un entrepreneur de bâtiment connu. Il faisait bosser un paquet de monde. Ma grand-mère écrit qu'elle a eu très peur à ce moment-là. Le type s'appelait Paul Etre, je crois. Un jour que mon grand-père était absent, il était venu râler chez eux. Il disait qu'il avait été payé moins que prévu, que ce n'était pas normal, qu'il allait porter plainte au tribunal. Quand mon grand-père a appris que cet artisan était venu chez eux, il est entré dans une rage folle. Pendant quelques pages, ma grand-mère ne parle plus de cette histoire. Puis elle inscrit cette simple phrase : 19 février 1966, Etre a été retrouvé pendu à un vieux chêne de Rivaux, hier... Les trois petits points à la fin de la phrase, je crois qu’ils disent beaucoup. »

« Tu penses que ton grand-père a tué le charpentier ?

- Je n'en sais rien. C'est une vieille histoire. Mais pourquoi ma grand-mère a-t-elle écrit toute cette histoire ? Cela l'a probablement marquée sur le moment. Et quelques mois après, cette simple phrase, inattendue. La note suivante est datée de 1968. Deux ans plus tard. Elle n'a rien écrit pendant tout ce temps. »

Magalie s’étire :

« Mouai... Etre… ce nom me dit quelque chose. Je l’ai vu sur la liste des donateurs pour le paiement de l’enquête des détectives privés.

- Je ne sais plus. Je vérifierai.

- Tu vas faire comment pour ton boulot ?

- Il faut que je puisse les contacter. J'espère qu'on pourra le faire demain. Mais bon, ils seront au courant, je pense.

- Qu'est-ce qu’il nous arrive, chéri ? Tu penses qu'on va s'en sortir ?

- Bien sûr, Magalie, tu sais bien qu'on s'en sort toujours avec moi ! », lui répond Victor. De son grand-père Boulin, il a gardé un côté fanfaron.

Ils réussissent finalement à s'endormir. Mais sont réveillés à 6 h, pour reprendre l'interrogatoire. Ils ont des têtes de déterrés...

 

A suivre...

 

Tag(s) : #Feuilleton, #Littérature, #Périgord
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