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Yannick Francès dans une de ses prairies. L’herbe est beaucoup moins haute que prévue. La faute à une pluviométrie très basse qui provoque la sécheresse (Photo GB)

Yannick Francès dans une de ses prairies. L’herbe est beaucoup moins haute que prévue. La faute à une pluviométrie très basse qui provoque la sécheresse (Photo GB)

Paru dans L'Essor Sarladais en mai 2011.

La sécheresse interminable, un calvaire
Deux éleveurs de la région évoquent les troubles causés par le manque d’eau

Le manque d’eau sur les terres du Périgord Noir s’éternise. Il aggrave encore la situation des éleveurs, déjà touchés par les cours très bas d’achat de la viande, et par l’envolée des prix des matières premières (fioul, engrais, aliments). La sécheresse estivale : le pire qui pouvait arriver. “ Normalement, nous faisons du foin pour nourrir les animaux en hiver, explique Yannick Francès, en Gaec avec ses parents à Veyrines-de-Domme et secrétaire général de la FDSEA. Hélas, nous allons sûrement devoir le donner à manger à nos animaux dès cet été. ” Lui et d’autres éleveurs annoncent déjà entre - 30 et - 50 % de foin.


Pierre-Henri Chanquoi est éleveur bovin viande en EARL à Grèzes, et président du syndicat JA du canton de Terrasson. Il produit, sur environ 20 ha, des céréales pour alimenter ses animaux. D’habitude, il n’a pas besoin d’en acheter. Mais cette année, la sécheresse a tout gâché. “ Les céréales ne vont pas venir à mâturité. Les grains sont tout petits. Il y a très peu de rendement. ” Lui et ses associés ont déjà commencé les foins. Un mois plus tôt que d’habitude.


Face au manque de fourrages et de céréales, les éleveurs vont devoir se tourner vers le marché pour fournir de l’aliment à leur bétail. Mais les céréaliers en auront beaucoup moins à vendre, également pour cause de sécheresse, prévoient les éleveurs. Les prix vont s’envoler. “ Surtout qu’il faut ajouter la spéculation financière qui va se faire à coup sûr... ”, considère Yannick Francès.


La nouvelle Loi de modernisation agricole, votée l’an dernier, ajoute une autre inquiétude. “ Cette loi impose aux céréaliers d’assurer leurs productions contre les calamités. Or, cela coûte cher. Les assureurs accepteront-ils d’assurer des agriculteurs sur le point de perdre une grande partie de leur production ? ” Le jeune éleveur de Veyrines-de-Domme en doute. Et il s’inquiète déjà de l’hiver prochain, avec des fourrages introuvables, ou à des prix astronomiques.


La décapitalisation du cheptel : voilà où en sont rendus certains agriculteurs. Pierre-Henri Chanquoi s’est résigné à cet extrême. Il vendra des animaux adultes. Quant à Yannick Francès, face au manque de stocks, il a fait comme beaucoup d’autres : “ Cet hiver, nous avons joué sur la capacité des animaux à maigrir ”. Il espérait que la récolte de foin du printemps permettrait de se refaire. Hélas, ce ne sera pas le cas.


“ Il faudrait qu’il pleuve ”. Beaucoup, pour rattraper le retard accumulé. Cela ne semble pas pour tout de suite. Et les revenus des agriculteurs, comme le cours des rivières, vont continuer d’être au plus bas. Yannick Francès déclare avoir dégagé 100 € par mois, en 2010.
GB

L’eau, ce bien précieux, et cher


Pierre-Henri Chanquoi dispose d’une cuve de rétention de 800 000 l pour récupérer les eaux de pluie. Cette cuve est vide. L’EARL achète donc maintenant 7 à 8 m3 d’eau d’adduction chaque jour. Une nouvelle charge. L’entreprise n’en avait pas besoin.


Yannick Francès dispose d’étangs collinaires sur ses terres. Les animaux viennent s’y abreuver. Les étangs sont à moitié vides, alors qu’ils devraient être pleins à cette période de l’année. Son exploitation est aussi reliée à un réseau collectif prioritaire, avec les autres agriculteurs des alentours, notamment pour irriguer les noyers. Le réseau est alimenté par le Céou, l’affluent de la Dordogne. Ce cours d’eau est déjà à l’étiage, avec deux mois d’avance. Des mesures de restriction d’eau ont été prises par la préfecture. Un jour par semaine, le prélèvement d’eau pour irriguer y est interdit.

Ce que demandent les syndicats
Face à la situation catastrophique de beaucoup d’agriculteurs, la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) et Jeunes Agriculteurs (JA) de Dordogne ont des propositions. D’ores et déjà, le ministre de l’agriculture Bruno Le Maire a annoncé la semaine passée l’autorisation de faucher et faire pâturer les jachères. C’était une demande des syndicats. Ils demandent aussi de la solidarité entre éleveurs et céréaliers. Pour cela, il faut que les céréaliers ne broient plus la paille, car les éleveurs en ont grand besoin. Un échange fumier-paille est espéré, dans cette optique. La mise en place d’un “ aliment sécheresse ”, afin de nourrir les animaux à moindre coût, est aussi une demande des syndicats. Pour financer cet aliment, les agriculteurs souhaitent une aide des collectivités locales et des banques.
Le 30 mai, les syndicats organisent des réunions dans chaque canton de la Dordogne. Les agriculteurs sont invités à y participer pour faire remonter l’ampleur des dégâts. Cela permettra d’affiner les propositions que feront les syndicats aux niveaux départemental et national.

Tag(s) : #Retour sur l'info, #Agriculture, #sarladais
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