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Signalons que la Russie était, au moment de la révolution, un des pays les plus inégalitaires qui soit, d’après les études de Thomas Piketty. Dans Capital et idéologie (p679 et ensuite), il produit des graphiques explicites. On apprend ainsi que les 10 % les plus aisés amassaient 47 % du revenu annuel total en 1905, ce qui était certes inférieur à la norme européenne (50 %), mais supérieur aux Etats-Unis (42 %). la part de ce décile et ...

Le mot russe pour dire « paysans » est « krestianin’ », qui vient de « chrétiens ». Les paysans composaient l’immense majorité de la population de l’empire. Les ouvriers des quelques grandes villes où se sont déroulés les événements révolutionnaires étaient originaires des campagnes. Ils avaient encore des liens avec leurs parents, leurs cousins, retournaient au village pendant les vacances. Et le village russe était un lieu éminemment spirituel, où chaque acte de la vie sociale était guidé par le christianisme schismatique inscrit depuis des centaines d’années dans le territoire.

Les idées communisantes étaient appliquées pratiquement dans l’organisation du travail agricole, ce qui a laissé accroire, au milieu de la seconde moitié du XIXe siècle, à certains révolutionnaires que « le mir », l’organisation du village, serait la base du communisme socialisme à la russe.

Quand on lit les témoignages ou les romans sur la période prérévolutionnaire russe, on ne peut que constater que la mentalité de l’ouvrier révolutionnaire moyen est, par-delà une soumission à la mode du temps (tenue vestimentaire, rébellion à l’autorité), profondément marquée par le message miséricordieux du Christ. Même quand ils abandonnent la croyance en Dieu, comme le bolchévik Simon Kanatchikov le décrit dans ses Mémoires, les révolutionnaires ouvriers demeurent profondément inspirés par le socialisme chrétien inculqué depuis des temps immémoriaux dans la campagne russe. Il faudra toute l'opiniâtreté et la ténacité des chefs révolutionnaires sociaux démocrates pour faire entrer dans l’esprit de leur base (l’avant-garde éclairée du prolérariat), les préceptes athées et matérialistes. Ils ne seront jamais profondément inscrits d’ailleurs, il n’y a qu’à voir la ferveur chrétienne schismatique de ce peuple.

Les bolchéviks étaient clairvoyants sur les croyances de ce peuple paysan qui avait accompli la révolution sous leur guidée. Le 20 janvier 1918, Lénine signe le décret sur la liberté de conscience, l'Église et les sociétés religieuses, dont il participe à la rédaction. Dans le Recueil des Légalisations et Arrêtés du Gouvernement Ouvrier et Paysan, ce décret a été publié le 26 janvier sous un titre différent - Sur la séparation de l'Église de l'État et de l'école de l'Église. Par ce décret, tous les biens de l'Église et des sociétés religieuses qui existaient en Russie étaient déclarés « propriété publique ». Le décret interdit « d’édicter toute loi ou réglementation locale qui restreindrait la liberté de conscience » et établissait que « tout citoyen peut professer n’importe quelle religion ou n’en professer aucune ». Toute privation de droit liée à la confession d'une foi ou à la non-profession d'une foi est annulée.

Le 16 février 1919, le conseil du Commissariat du peuple à la justice adopte une résolution sur l'organisation de l'ouverture des reliques des saints sur le territoire de la Russie, et la « procédure de leur inspection et de leur confiscation par les agences gouvernementales » est déterminée.

En 1919, Lénine soutient les demandes des croyants du volost Yaganovskaya du district de Cherepovets d'aider à l'achèvement de l’église locale, débutée en 1915. De nombreux exemples démontrent la diversité des jugements de V.I. Lénine sur la « question religieuse » et la variété des approches pratiques de celle-ci.

Derrière le caractère catégorique dans certains cas et la manifestation de tolérance dans d'autres, on peut voir une position claire par rapport à la sphère de la religion. Elle repose, premièrement, sur l'incompatibilité fondamentale de la vision du monde dialectico-matérialiste avec toute religion, l'idée des racines exclusivement terrestres des religions.

Deuxièmement, l'anticléricalisme, qui, dans la période post-révolutionnaire, s'est transformé en une attitude militante envers les organisations religieuses en tant qu'opposantes politiques au Parti communiste.

Troisièmement, la conviction de Lénine de l’importance nettement moindre des problèmes liés à la religion par rapport à la résolution des problèmes de réorganisation de la société et donc de la subordination des premiers aux seconds.

Hélas les persécutions ne cesseront pas, avec comme acmé, pourtant dès le début du régime, le crime pourtant ruineux politiquement contre la famille royale, en juillet 1918. Laquelle était cheffe de l’Église russe. Ce crime n’eût pas été commis, les Romanov eussent-ils été autorisés à émigrer en Angleterre chez leurs cousins, le monde eût été fort différent, et la révolution shudra basée sur un renouveau spirituel l’eût-elle emportée ? Pure délire évidemment… L’histoire ne repasse pas les plats. Mais cela reste un grand regret. La faute unique n’en revient pas, tant s’en faut, aux adeptes de Lénine, car la guerre civile faisait rage, charriant son flot de massacres.

Dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918, l'ancien empereur russe Nicolas II est abattu avec sa famille et ses serviteurs sur ordre du soviet régional de l'Oural à Ekaterinbourg, dirigé par les bolcheviks. N.K. Krupskaya a rappelé qu'Ilyich a passé toute la nuit de l'exécution au travail et n'est rentré chez lui que le matin. Olga Dmitrievna Ulyanova, la nièce de V.I. Lénine, écrit : « Le commissaire militaire d'Ekaterinbourg, Philippe Goloshchekin, s'est rendu à Moscou chez le président du Comité exécutif central panrusse Ya. M. Sverdlov et a reçu sa sanction d'exécution. Sverdlov a parlé de cette réunion à V.I. Lénine. Vladimir Ilitch s'est prononcé en faveur d'amener le tsar et la tsarine à Moscou et d'organiser un procès-spectacle pour le monde entier. »

Sverdlov a transmis tout cela à Goloshchekin et a déclaré : « C'est ainsi que vous l'expliquez à vos camarades d'Ekaterinbourg : « Le Comité exécutif central panrusse ne donne pas de sanction officielle pour l'exécution ». Yurovsky, participant et dirigeant de l'exécution de Nicolas II et de sa famille, souligne la réticence des autorités de l'Oural à comprendre correctement l'ordre de Moscou de ne pas tuer le tsar.

Conformément à la décision de la commission d'enquête de 2011 sur l'exécution de la famille Romanov, il est également déclaré que « l'enquête ne dispose pas de preuves documentaires de l'implication de Lénine ou de quiconque parmi les plus hauts dirigeants des bolcheviks » dans l’exécution de la famille royale.

Tag(s) : #Russie, #Communisme, #socialisme
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