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Suite de l'extrait précédent...

Le recul le plaque contre le siège arrière. La Porsche est touchée au toit puis à la roue arrière droite. Elle traverse en diagonale la bande d’arrêt d'urgence et vient terminer sa course contre la barrière métallique, le pare-brise en avant. Pierre aperçoit juste une tache rouge contre le pare-brise fêlé. Premier objectif atteint !

Le soir, un vol de portable dans une station service de Charente permet à Pierre et Willy d'annoncer par 10 SMS à la presse « que la bourgeoisie a été frappée sur la route, là où elle pensait que son impunité était totale, au volant de ses gros bolides terrorisant le prolétariat qui roule en voiture française vieillie et lente. La bourgeoisie apprendra désormais à avoir peur de ces lieux de pouvoir jusqu'alors intouchables. Le commando Arpco-ASF ».

Pierre et Fox ont ensuite pris par les nationales et roulé de nuit. Ils sont arrivés sur le bassin d'Arcachon au petit matin. Là, Sud-Ouest leur apprit que « Bruce Willis » était mort d'un accident de la route, qui était peut-être une attaque d'un groupe terroriste d'extrême-gauche se réclamant de l'Arpco-ASF. Bruce Willis était en réalité Eddy Leroy-Durand, patron de supermarchés et d'une boite de nuit dans le Maine-et-Loire, exploiteur sauvage et antisyndical s'il en est. Le chef des Français, Frédéric Lefevre, en fut très peiné. Pierre dit : « On a bien réussi notre coup. On peut être fiers. Maintenant, l'Arpco-ASF doit encore frapper quelques fois avant de se dissoudre. Guerre de classe ! ».


 

Au Cap Ferret, Pierre et Fox sont toujours postés dans la Clio blanche. Ils regardent passer le troupeau des vacanciers regagnant toiles de tente et bungalows après une journée à cramer. Fox se rapproche de Pierre. Il lui passe la main autour du cou et lui roule une grosse pelle. Pierre se laisse faire. Il approche sa main du sexe de Fox et le caresse, doucement. « L’homosexualité est une chose horrible, qui n'existera plus sous le socialisme », annonce Pierre. Il glisse sa main dans le short de Fox, qui lui fait des bisous dans le cou. « Les homosexuels sont le témoin d'une société qui n'est pas en accord avec elle-même. »


 

Un coupé cabriolet BMW gris s'approche doucement, dans la file des voitures. De sa main libre, Pierre attrape deux balles. Il les met entre ses jambes. Il libère le sexe gonflé de Fox et attrape le Baïkal qui dort à l'ombre de la plage arrière. Pierre se redresse, met en joue la BMW, et la suit du fusil. Il ne tire pas. Fox note sur un papier le numéro de la plaque minéralogique. Il rappelle son plan à Willy. « Nous devons frapper trois bourgeois en une nuit. Après quoi, nous prenons le premier train pour Bordeaux, et nous disparaissons dans la nature en nous séparant. Et les heureux élus millionnaires sont : Kristoff Gradur, le champion de foot et désormais exploiteur et droit-de-cuisseur de stagiaires et autres travailleurs au noir dans ses multiples restaus de Gironde ; Jean-Kriss Convenstein, le député maire de Libourne, possesseur de châteaux dans le vignoble et d'une grosse entreprise de BTP spécialisée dans le bois bétonné ; et Philippe Satorian Klein Fujoyama, discret habitant du Cap, et gros actionnaire du premier fabricant de mines antipersonnelles mondial.

Le premier est le plus rigolo, le moins bourgeois des trois. Mais il est la nouvelle bourgeoisie inculte, qu'il faut apeurer. Nous l'avons aperçu au volant de sa petite Chevrolet corvette de tapette. Il sera frappé le premier, quand il quittera sa villa du Cap pour se rendre dans son restaurant phare en milieu de soirée. Ensuite, nous frapperons le cosmopolite bourgeois, l'ennemi politique et économique des masses laborieuses. Illico après avoir envoyé Kristoff dans le décor, nous filerons devant chez Convenstein, et nous attendrons qu'il rentre de son repas d'affaires. Là, nous ferons couler sa Jaguar Cabriolet XKR Spectrum Blue métallisé essence. Ensuite, direction la villa de Fujoyama, gardée par des sbires musculeux. Pas de temps à perdre. Nous simulerons l'attaque militaire, en mitraillant la belle villa, ce qu'il y a devant et à l'intérieur. Après ça, nous pourrons laisser notre petite Clio à son repos bien mérité. Il nous restera plus qu'à trouver un portable à voler, à envoyer le SMS, et voilà ! » « Il faut mieux qu'on envoie le texto une fois loin, non ? », dit Fox. « Non, je pense pas, parce qu'à ce moment-là, ils nous repéreraient, alors que si nous l'envoyons dans la nuit des attaques, les flics pourront pas savoir ce que nous ferons. »

Les deux jeunes hommes passent plusieurs jours à repérer les allées et venues des cibles. Ils préparent avec une minutie dilettante, faite de sexe et d'alcool, leur action politique. Le soir choisi, les deux jeunes gars un brin délurés se pointent. La voiture de Kristoff est fauchée à toute allure et part s'encastrer dans un pin. L'ami à gros mollets de l'ancien président nazillongrois, Raskozy, est envoyé ad patres par quatre bastos bien placées. Le sang crânien nettoie le pare-brise intérieur. Par contre, les deux épreuves suivantes sont plus compliquées. La balle soviétique ne parvient pas à atteindre la voiture du bourgeois juif. Celui-ci tente de s'échapper et la vitesse de la Jaguar est évidemment plus grande que celle de la Clio.

Pierre tire une dernière fois et atteint la cible. La roue arrière gauche est touchée, le bourgeois termine dans le fossé. Mais pas mort. Pierre est déçu. Mais ils n’ont plus le temps. Alors, direction le troisième client. Les choses se gâtent quand une bagnole de flics les prend en chasse. Elle est promptement gardée à distance par les frappes. Las, une balle atteint soudain la Clio blanche qui est balancée contre le trottoir, manquant écrasé un papi qui promenait son chien. Les deux jeunes hommes sont ballottés. Dépités, ils aperçoivent la baraque somptueuse de l'exploiteur international. Deux gardes du corps, maillots blancs moulants et oreillettes, se concertent et parlent à qui mieux mieux dans leurs micros. Ils préparent sûrement un coup. Mais bizarrement, les flics passent devant Pierre et son pote sans s'arrêter. Ils arrivent devant les gardes du corps. Les deux flics en civil descendent de la voiture et descendent les deux sbires. Puis ils entrent dans la villa. On entend des coups de feu. Pierre se lève et part avec le fusil de chasse vers la villa. Fox le suit calmement. Mais avant qu'ils n'atteignent la baraque, les flics sont ressortis. L'un d'eux se rend à la voiture et sort le drapeau rouge de l'Arpco. « Allez, pas de blagues, vous nous suivez, votre petit jeu a assez duré. »

Croyant à un piège de l'État bourgeois, Pierre et Fox se précipitent vers la Clio pour s'abriter. Les deux flics ne bougent pas. « Mais venez ! Puisqu'on vous dit qu'on est avec vous ! Allez voir les dégâts dans la villa ! » Pierre et Fox commencent à y croire. Ils sortent en visant les deux flics, qui ont remis le colt au fourreau. Mirant dans la villa, ils ont vite fait de se rendre compte du massacre. Ils ont affaire à deux tireurs d'élite. Deux professionnels de l'Arpco, venus ici pour les ramener à l'organisation. L'un a l'air d'un vieil alcoolo. La cinquantaine en paraissant 70, il est tout petit, son nez touche ses lèvres. Sa moustache est verdâtre. Il porte une casquette blanche Ricard. Il est difficile de comprendre ce qu'il dit, tant il est édenté. Mais c'est le chef de groupe. L'habit ne fait pas le moine. Une expression qui va bien à l'Arpco, dont les membres ne paient pas de mine, pour la plupart. Ce sont des anti-héros sublimes.

Pierre et Fox ont compris. Ils montent dans la voiture de police. Les agents de l’Arpco les laissent là un instant. Ils pénètrent à nouveau dans la villa et y restent cinq minutes. Un coup de feu retentit. Ils reviennent. Le grand maigre, pendant jeune du petit au nez crochu, porte un sac. Dedans, il y a les papiers de Fujoyama, et aussi de l'argent en liquide, plusieurs milliers d'euros. « Je pense qu'on va vous intégrer à l'organisation, les petits jeunes ! Après de telles preuves de bravoure ! », explique le vieux en démarrant la voiture. Il est tout sourire. Pierre et Fox s'en fichent. Ils n'avaient pas cela comme plan. « Je vais me barrer de nouveau », se dit déjà Pierre. En attendant, il se laisse prendre en charge par les camarades, heureux de les retrouver après quelques semaines de vie en franc-tireur.

Tag(s) : #Littérature
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